Dans le cadre des activités de la Chaire, Frédéric Dejean, géographe et chercheur post-doctoral, poursuit une réflexion sur les dimensions géographiques des groupes religieux minoritaires dans la métropole montréalaise. Il s’intéresse plus particulièrement aux Églises évangéliques qui restent encore peu connues du grand public, alors même qu’elles occupent une place essentielle dans les mutations récentes du paysage religieux montréalais.
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Trois facteurs explicatifs peuvent être ici rapidement évoqués :
– L’accessibilité : pour parler le vocabulaire de la géographie des réseaux, c’est avant tout la connexité d’un lieu qui importe, c’est-à-dire sa propension à être facilement connecté à d’autres lieux. En contexte urbain, ce sont les réseaux de transport qui sont déterminants pour établir la connexité d’un lieu. Ce souci de l’accessibilité explique que l’on observe une forte concentration d’Églises autour du croisement de l’autoroute métropolitaine et du boulevard Saint-Michel. Les pasteurs interrogés rappellent ainsi la proximité de l’autoroute et du métro, ainsi que la présence de lignes de bus importantes.
– Les contraintes du zonage : l’urbanisme municipal québécois est organisé selon une logique de « zonage » : chaque municipalité est ainsi découpée en grandes zones de dans lesquelles sont acceptées ou non les différentes activités et fonctions urbaines (résidentiel, commercial, institutionnel, industriel…). Depuis le début des années 2000 – et avec des nuances selon les arrondissements – les lieux de culte sont acceptés de plein droit dans certaines zones de petits et moyens commerces. Concrètement, si vous êtes pasteur et que vous souhaitez ouvrir un lieu de culte dans un local, vous devez vous assurer auprès des services de l’urbanisme de la municipalité ou de l’arrondissement que le local convoité répond bien aux exigences du zonage en matière de lieux de culte.
– Les surfaces disponibles : les Églises les plus récentes ont été sont principalement créées par des populations issues de l’immigration récente (haïtienne, africaine, latino-américaine…). Les lieux de culte sont, à de rares exceptions près, installés dans des bâtiments existants : des anciens ateliers, des places commerciales, des bureaux ou des entrepôts. Cela signifie que les groupes religieux sont tributaires des locaux disponibles, situés dans des zones qui satisfont les impératifs du zonage. La concentration d’Églises sur la rue Papineau s’explique ainsi par les nombreuses fermetures de places commerciales au cours des années 1990 et au début des années 2000. Des Églises ont ainsi réinvesti ces lieux laissés vacants.