En Europe, l’interdiction légale des vêtements islamiques féminins s’est imposée depuis presque vingt ans comme un outil d’encadrement des comportements des femmes musulmanes, souvent pour protéger les cultures et sauvegarder les valeurs nationales. Les interdictions se limitent à un secteur de la vie publique ou pas. Définir le port d’un vêtement comme une situation problématique au point d’en exiger le retrait de certains espaces ou d’en faire un geste criminel mérite plus qu’une restitution factuelle ou qu’une indignation polémique, que celle-ci soit à charge ou à décharge.
La plupart des discussions publiques se sont concentrées sur les enjeux politiques et les préjudices potentiels que le port d’un vêtement religieux pourrait causer à la société, sur le plan de sa cohésion sociale et de la fidélité à ses “valeurs” nationales, révélant la tension entre la protection de droits fondamentaux comme la liberté de conscience et l’exercice de ces droits. L’impact de ces interdictions sur l’ensemble des musulmanes, voilées ou non, reste à faire. Tout comme l’analyse du “bien” produit par ces lois prohibitionnistes: qu’ont-elles permis de réaliser ? Quelles situations se sont trouvées, à la suite de leur application, améliorées ? Pourquoi le lien entre ces lois, leurs effets, et la situation plus générale des musulmanes qu’elles visent, jeunes filles ou adultes, dans leur accès à l’éducation, au marché de l’emploi, à la santé n’est-il jamais fait ? […]