UNE CARTOGRAPHIE DES COMMUNAUTÉS ÉVANGÉLIQUES MONTRÉALAISES

Posted on the 05 December, 2011 at 2:24 pm Written by in Actualité


Dans le cadre des activités de la Chaire, Frédéric Dejean, géographe et chercheur post-doctoral, poursuit une réflexion sur les dimensions géographiques des groupes religieux minoritaires dans la métropole montréalaise. Il s’intéresse plus particulièrement aux Églises évangéliques qui restent encore peu connues du grand public, alors même qu’elles occupent une place essentielle dans les mutations récentes du paysage religieux montréalais.

La carte ci-contre peut être visualisée en grand format en cliquant  ici.

Elle a été réalisée à partir des informations proposées par l’annuaire de l’association montréalaise Direction Chrétienne, auxquelles ont été ajoutées des observations de terrain. En tout, ce sont près de 500 communautés évangéliques, toutes tendances confondues, qui ont été recensées dans un périmètre comprenant l’île de Montréal, l’île de Laval, Longueuil et Brossard. La carte montre des espaces de concentration des communautés évangéliques, notamment dans les arrondissements de Rosemont et de Villeray/Saint-Michel/Parc Extension. Au contraire, des vides ressortent très nettement, par exemple sur la partie occidentale de l’île de Montréal. Ces phénomènes de concentrations et de vides  ne sauraient s’expliquer uniquement du fait de la densité de la population: en effets, certaines municipalités fortement urbanisées – dans l’ouest de l’île de Montréal par exemple – ne comptent pas ou peu de communautés évangéliques. Par ailleurs, fidèles à la tradition protestante, ces Églises ne sont pas constituées sur la base de territoires de proximité (contrairement aux paroisses catholiques), mais sur selon une logique d’affinités électives, de sorte que les membres d’une communauté n’hésiteront pas à parcourir plusieurs kilomètres en voiture ou en transport en commun pour se rendre au culte le dimanche.

Trois facteurs explicatifs peuvent être ici rapidement évoqués :

–         L’accessibilité : pour parler le vocabulaire de la géographie des réseaux, c’est avant tout la connexité d’un lieu qui importe, c’est-à-dire sa propension à être facilement connecté à d’autres lieux. En contexte urbain, ce sont les réseaux de transport qui sont déterminants pour établir la connexité d’un lieu. Ce souci de l’accessibilité explique que l’on observe une forte concentration d’Églises autour du croisement de l’autoroute métropolitaine et du boulevard Saint-Michel. Les pasteurs interrogés rappellent ainsi la proximité de l’autoroute et du métro, ainsi que la présence de lignes de bus importantes.

–         Les contraintes du zonage : l’urbanisme municipal québécois est organisé selon une logique de « zonage » : chaque municipalité est ainsi découpée en grandes zones de dans lesquelles sont acceptées ou non les différentes activités et fonctions urbaines (résidentiel, commercial, institutionnel, industriel…). Depuis le début des années 2000 – et avec des nuances selon les arrondissements – les lieux de culte sont acceptés de plein droit dans certaines zones de petits et moyens commerces. Concrètement, si vous êtes pasteur et que vous souhaitez ouvrir un lieu de culte dans un local, vous devez vous assurer auprès des services de l’urbanisme de la municipalité ou de l’arrondissement que le local convoité répond bien aux exigences du zonage en matière de lieux de culte.

–         Les surfaces disponibles : les Églises les plus récentes ont été sont principalement créées par des populations issues de l’immigration récente (haïtienne, africaine, latino-américaine…). Les lieux de culte sont, à de rares exceptions près, installés dans des bâtiments existants : des anciens ateliers, des places commerciales, des bureaux ou des entrepôts. Cela signifie que les groupes religieux sont tributaires des locaux disponibles, situés dans des zones qui satisfont les impératifs du zonage. La concentration d’Églises sur la rue Papineau s’explique ainsi par les nombreuses fermetures de places commerciales au cours des années 1990 et au début des années 2000. Des Églises ont ainsi réinvesti ces lieux laissés vacants.

Share

Répondre